« Choisir, c’est renoncer » disait Gide. Parole prophétique pour notre époque, pour nos états, pour nous, médecins. Nous sommes dans l’ère du « en même temps » (sans aucun parti pris politique). Nous voudrions lutter contre les dépenses énergétiques inutiles, et en même temps être hyperconnectés en tout temps, recevoir le livre qui nous manque le lendemain ou passer l’hiver au soleil. Les féministes érigent en impératif moral la défense des droits de la femme, et en même temps lui nient le droit d’être  cyclée, lui imposent un modèle de « réussite » et « liberté » ne rimant qu’avec boulot hyperqualifié à plein temps, surmédicalisation de son corps et refus de dépendre affectivement de quelqu’un. On défend le « droit de mourir dans la dignité » mais en même temps seule une minorité de nos contemporains bénéficie d’une fin de vie accompagnée et soulagée, dans le cadre qu’ils ont choisi. Et enfin, on prétend vouloir adapter le monde à l’enfant, rentrer dans un nouveau schéma éducatif positif et  bienveillant où son ressenti  nous obsède,  tandis qu’on fait de l’enfant un droit,  bouleversant la cohérence de sa filiation et de sa naissance sans aucune certitude sur les conséquences à long terme.

En cette année 2020, chers confrères, ayons le courage de faire des choix  Faisons le choix de servir l’homme dans la vérité de sa nature. Pour préserver et rétablir sa santé, comme nous y incite notre serment, renonçons à promouvoir ce qu’il n’est pas, renonçons aux décisions où l’idéologie va à l’encontre de la physiologie. Choisissons  d’étudier  les limites de notre condition, sexuée, fertile, mortelle, où l’inné et l’acquis, le génome et l’expérience, le corps et le psychisme s’entremêlent… plutôt que de les nier. Et choisissons enfin d’être initiateurs de changement, innovateurs, dans la médecine du handicap, du grand-âge, de la fin de vie, dans l’accompagnement du développement affectif et de la sexualité… ensemble, construisons une médecine humaniste et durable.

Bonne année 2020 !